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lundi 23 mai 2011

Quelques vérités sur la dimension réelle du FMI ?

 - 1\ Quelle position occupait exactement  DSK ?

- 2600 pers travaillent au FMI (IMF in english) , Fond de réserve monétaire mondiale de + de 750 milliards de dollars, a disposition des états avec une organisation exécutive partagée entre des économistes pour les roles de communicants, et ... les vrais décideurs :

texte dans une tribune au Guardian, l'économiste Mark Weisbrot rappelle que les marges de manœuvre du managing director sont bien plus réduites qu'il n'y paraît, notamment face au Trésor américain: «Ni le directeur général, ni personne d'autre au FMI ne se trouve, en dernier ressort, en position de décider seul de la politique mise en place, surtout lorsqu'il s'agit de pays considérés comme importants (...) Le FMI est dirigé par des gouverneurs, et des directeurs adjoints, pour qui les autorités décisives, et de loin, sont le Trésor américain, qui comprend une forte représentation de gens de Goldman Sachs, et, dans un deuxième temps, les puissances européennes.»

 ex des économistes travaillant avec DSK :
La même année 2008, il nomme Olivier Blanchard (ci-contre) au poste de chef économiste. Cet universitaire (qui a appelé à voter pour Nicolas Sarkozy en 2007) est l'une des figures de proue des néo-keynésiens, une nébuleuse qui tente de réconcilier les adeptes de Keynes avec certaines réalités du marché.

-2\ Quelle est le role réel tenu par le FMI lors des soutiens aux pays européens d'ici 2012 ?

«Le plus orthodoxe n'est plus le FMI. Les gouvernements européens sont beaucoup plus à droite que le FMI. (...) C'est un tango que l'on joue à trois avec l'Europe et la BCE. Et nous avons été l'élément modérateur», confie à Mediapart une source interne au FMI. Même point de vue chez Philippe Martin, économiste à Sciences-Po: «Pour l'Irlande, comme pour la Grèce, les plans d'aide auraient été encore plus rudes si le FMI n'avait pas été là. Le FMI a enfilé le costume du good guy. En comparaison, la commission a pris le rôle traditionnel, celui du bad guy. Durant la crise grecque, alors que la commission européenne était totalement dépassée par les événements, c'est le FMI qui était à la manœuvre, et DSK avant tout, pour obtenir un accord, et faire que les Européens s'entendent.» Ici, le rôle du FMI, en médiateur de luxe dépêché au chevet d'Européens très divisés (fallait-il, ou non, aider Athènes?), fut sans doute décisif, pour éviter un éclatement chaotique de la zone euro.

- 3 \ Quelles influences et quels changements a attendre du FMI ?

DSK en était convaincu: il serait le dernier Européen à la tête du FMI. Il était pour en finir avec ce vieux pacte officieux, qui donne la direction de la Banque mondiale à un Américain, et celle du FMI à un Européen. A l'été 2007, en pleine campagne pour remplacer l'Espagnol Rodrigo Rato à la tête du Fonds, Strauss-Kahn avait d'ailleurs pris soin de ne pas négliger les grands émergents du Sud. Il savait leur appui décisif, pour mener à bien l'un des chantiers internes les plus délicats du Fonds: faire que les Européens acceptent de céder un peu de leur poids (en termes de voix, comme de sièges au conseil d'administration) au profit de pays émergents, surtout en Asie.

Le bilan DSK, sur ce point, est plus que mitigé. La réforme, qui avait été enclenchée avant l'arrivée de DSK, est extrêmement lente. Comme si le FMI était impossible à faire bouger. A peine 6% des quotes-parts ont été basculés, des pays du Nord aux pays du Sud, en deux temps (2008 puis 2010). Chine, Turquie, Brésil, Corée du Sud et Mexique sont les principaux bénéficiaires du mouvement. Selon le dernier tableau officiel (en cours d'application), le Brésil, par exemple, détient 2,3% des quotes-parts de l'institution. C'est toujours moins que la France ou le Royaume-Uni (tous les deux à 4,2%), et à peine plus que les Pays-Bas (1,8%)... La Chine s'en sort plutôt bien – deuxième puissance mondiale, elle a finalement arraché 6,3% des quotes-parts, soit le troisième poids du Fonds, après les Etats-Unis et le Japon. De manière générale, l'Europe continue de peser bien plus lourd qu'elle ne le devrait.

La représentativité du FMI est capitale, s'il veut retrouver l'aura de ses débuts. Pour faire oublier la lenteur de cette réforme, DSK a réussi, en 2010, un joli coup, en faisant du Chinois Zhu Min, jusqu'alors vice-président de la banque centrale à Pékin, son conseiller spécial.

Mais l'accalmie a peu duré: les émergents ont de nouveau fait entendre leur voix, ces derniers mois, estimant que le Fonds s'occupait trop de la zone euro, et surtout, accordait des conditions trop souples aux pays Européens. En clair, ils accusent le FMI d'un deux poids deux mesures: rigide autrefois avec les pays émergents comme l'Argentine, plus souple aujourd'hui en Irlande ou en Grèce.


La calamiteuse sortie de DSK n'aura rien arrangé à l'affaire, et mine encore un peu l'image d'une institution qui reste détestée par une bonne partie de la population mondiale. En témoigne ce dessin, publié la semaine dernière dans le Pagina 12, l'un des grands quotidiens argentins:
« Le directeur du FMI est accusé de viol et de harcèlement sexuel.
Contre quels pays?»

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